mouche ; alors Mr Lemming prend ses distances, réarme et ré-enclenche. Cette
fois il touche, il est prêt.
Parce qu'il avait mal anticipé la situation dont il commence à subir les affres, un
instant, il se sent mal et s'assoit au beau milieu de la salle à manger, lieu de tous
les doutes. Le dossier de son siège le sent à peine. Le regard voûté, il se
dévisage le nombril comme un miroir sans fin.
Ce vertige est éphémère, comme tout le reste. La volonté d'agir le submerge. Il
se remet debout comme un templier en croisade. De fait, pour la première des
cibles qu'il s'est fixé, il hésite, ne règle définitivement sa pétoire qu'au moment
fatidique où il franchit la porte.
Objectif en vue, il cherche la lumière, l'angle de pénétration idéal. Finalement,
en dépit de l'obscurité tenace et puisque la perfection n'est pas de ce monde, il
épaule, il vise, il ajuste, et hop, le tour est joué ; sa femme ne s'est même pas
réveillée ; elle ne se sera rendu compte de rien. La voilà prête pour sa nouvelle
vie ; son nouveau monde.
D'une chambre à sa suivante, maintenant qu'il a commencé, tout s'accélère.
Pour les autres, ce sera pareil ; une pure formalité lorsqu'on est un professionnel
aguerri de la détente.
Lemming ne rechargera qu'au bout d'une demi-heure, dés que la sueur lui aura
coulé jusqu'au bord des lèvres comme une sonnette d'alarme parce que le
dernier sur la liste ce sera Edouard ; Edouard, le petit dernier, le petit gâté, celui
qui n'aurait dû porter son nom, la figure d'enfant jésus dont la naissance